Le moment est favorable pour réenchanter l’Association ! Ce temps est propice à démontrer la fonction et le rôle du modèle associatif au cœur des questions sociales et réaffirmer sa pertinence alternative à l’entreprise lucrative.
A la faveur de la transformation de l’offre, de l’évolution des pratiques pour tenir compte de l’autodétermination et des besoins d’accompagnement, la désinstitutionalisation contribue à faire évoluer et à transformer les établissements et services du secteur social et médico-social. L’espace public commun, les territoires deviennent le cadre d’intervention des professionnels.
Nous pensons que ce mouvement est favorable aux Associations.
En revenant sur le rôle et la place des établissements, l’Association est interrogée sur sa capacité à (re)devenir le cadre d’action commun à l’ensemble des acteurs : adhérents, bénévoles, bénéficiaires, salariés.
Les difficultés de recrutement et la crise des métiers de l’humain affectent les organisations de travail. Ces crispations sont l’occasion pour des spécialistes du recrutement de proposer de nouvelles approches de la fonction de DRH. L’une d’elles voit ces Directions des Ressources se transformer en direction des Richesses et devenir « des développeurs de talents ».
Du seul point de vue sémantique, on parle de Ressources pour qualifier ce dont on a besoin, les moyens qu’offre une chose par son usage ou tout élément utilisé pour atteindre un certain objectif.
La richesse humaine dans le modèle associatif
Le terme de Richesse lui, correspond à l’abondance de biens, de moyens, de revenus, à la valeur de l’ensemble des biens détenus par un agent économique.
Le Groupe Canadien Humaprise intervient auprès des PME dans le domaine du conseil et de la formation.
S’agissant de son coaching en ressources humaines on peut lire : « Dans ce contexte de pénurie de main d’œuvre, capital humain, ressources humaines, gestion des talents, peu importe l’appellation, gérer des employés semble se complexifier. Gérer des humains demande de plus en plus de temps au gestionnaire. Ces humains génèrent de la valeur en échange de leur temps et une rémunération. Ne serait-il pas justifié de dire que les employés sont des richesses humaines car ils produisent de la valeur pour une entreprise ? »
La Richesse Humaine renvoie à la notion de valeur. C’est l’objectif d’une entreprise de créer de la valeur : pour les clients, pour les actionnaires. Appliquée aux salariés, la création de valeur suppose d’agir pour modifier des méthodes de management par la performance et le contrôle qui en dégradant les conditions de travail, contribuent à la perte de sens du travail.
Qu’en est-il pour les associations ? Les Richesses Humaines ont-elles un sens comparable ? Les Associations maîtrisent-elles leur chaîne de valeur ?
Pour nous, la nature des associations c’est de capitaliser la valeur produite : par les adhérents, par les bénévoles et quand elles sont employeurs elles devraient capitaliser également la « valeur des Richesses humaines ». Les Associations sont porteuses de sens et ce faisant elles devraient échapper aux difficultés de recrutement qui frappent de nombreux secteurs de l’entreprise.
Or, dans le secteur médico-social, les associations gestionnaires sont confrontées à d’importantes pénuries de main d’œuvre.
Politiques publiques & associations du médico social
L’évolution des politiques publiques, leur pilotage par les Agences régionales de Santé et les Conseils départementaux exposent les associations à des risques majeurs :
- Le risque d’être réduit au rôle d’opérateur public,
- Le risque d’être conduit à renoncer à leur autonomie et à leur dimension politique,
- Le risque de mettre en œuvre des modes de management en rupture avec leur nature première.
Quand l’emprise de la dimension gestionnaire produit des modes de management qui tournent le dos à l’autonomie, à l’initiative des salariés, à l’absence de marge de manœuvre, ceux-ci participent à la perte d’attractivité des métiers.
Dans un contexte de développement de l’inclusion, les établissements qui constituent des communautés de travail qui encouragent les collectifs et le management par objectif, sont remis en question. La remise en cause de ce cadre de travail peut être considérée comme un accélérateur de la pénurie de candidats sur des postes permanents.
Pourtant ces transformations favorisent l’émergence d’organisations, de fonctionnement et de pratiques alternatifs qui concourent à apporter des réponses à la quête de sens des salariés, à combler la recherche d’utilité de ses actions et à respecter l’éthique professionnelle par une capacité d’initiative retrouvée.
L’accroissement de l’accompagnement de bénéficiaires « hors les murs » de l’établissement, stimule la démarche projet, favorise une plus grande autonomie dans le travail et valorise l’initiative individuelle et collective.
Dans cet environnement, la fonction de l’établissement n’est plus de produire du cadre à l’activité des professionnels. Il est cependant nécessaire que les professionnels salariés disposent d’un cadre à partir duquel ils déploient leurs activités. Ce glissement constitue une opportunité pour les associations de retrouver leur véritable dimension source de sens.
Jean-Marc Wattez
Collectif Comitare
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